Depuis quelques semaines, les questions se bousculent quant à ce que de nombreux acteurs appellent désormais : « Le monde d’après ». De quoi sera fait le monde de demain ? Quelles leçons va-t-on tirer collectivement de la période qui vient de s’écouler ? Les solidarités nées hier passeront-elles l’épreuve du temps ?
Aujourd'hui, nous continuons l’exploration du monde qui vient avec un focus sur les colonies de vacances. Acteur historique du secteur, l'Ufcv et ses adhérents organisent des colos qui reposent sur des valeurs éducatives permettant à chaque enfant de grandir et de s’épanouir. Parce que les vacances ne sont pas un luxe mais une nécessité et parce que les effets d'une colo réussie se ressentent toute la vie : l'Ufcv milite pour le droit aux vacances pour tou·tes !
Malheureusement, la crise sanitaire que nous vivons n'a pas épargné les organisateurs de séjours. La semaine dernière, l'Ufcv co-signait une tribune dans les colonnes de Libération pour réclamer le soutien du Gouvernement. Cette semaine, Gabriel Hubschwerlin, Délégué national Séjours à l'Ufcv, partage sa vision et ses espoirs pour le futur de l'activité.
« Les colos sont un formidable moyen de sensibiliser les jeunes
générations au monde que nous espérons pour demain. »
À quoi ça devrait ressembler, les colos, dans le monde de l’après confinement ?
Je crois qu’avant de se demander ce que les colos devraient être dans le monde d’après, il faut se questionner sur ce qu’elles devraient être aujourd’hui ! Dans son ADN, la colo est un espace de loisirs, de rencontres, d’apprentissages ; un moment de détente durant lequel on apprend qui on est et qui sont les autres, on apprend à grandir soi-même mais aussi avec les autres, on se construit… Bref : ce n’est pas un simple produit touristique ! Et s’il y a bien quelque chose d’important pour le monde d’après, c’est de revenir à l’essentiel.
Les colos de demain, je les vois donc « ultra fun ». Elles doivent être avant tout un vrai temps de vacances et permettre aux enfants et aux jeunes de se reposer, se ressourcer, profiter et surtout de s’amuser.
Je les vois aussi comme un formidable moyen de sensibiliser les jeunes générations au monde que nous espérons pour demain. Je crois que personne ne se souhaite de revivre une crise sanitaire comme celle que nous vivons et pour l’éviter, une évolution de notre société est nécessaire. Et si les colos y participaient ? Si elles étaient un laboratoire du monde de demain ? Si on y rendait les enfants et les jeunes acteurs du changement ?
Pendant la crise, on s’est souvent réjouis de l’engagement des Français·es. Au-delà de toutes les personnes mobilisées dans la gestion de la situation par leur profession, des centaines de milliers de personnes ont participé à leur échelle à un véritable élan de solidarité nationale en s’engageant. Et bien vous savez-quoi ? Les colos peuvent être un formidable incubateur de l’engagement ! Tant pour les encadrant·es – qui sont des engagé·es éducatifs – que pour les participant·es, qui y apprennent les notions de partage, de solidarité, d’entraide… Bref, de bien vivre ensemble.
Qu’est-ce que l’Ufcv met en œuvre pour se tourner vers l’avenir ?
Nous militons pour que les colos restent des vacances ! Nous pensons qu’elles peuvent être, au travers de temps d’apprentissages informels et d’expérimentations, un outil exceptionnel pour une coéducation réussie. Les acteurs de l’éducation populaire peuvent venir en soutien à l’éducation parentale, mais pas la remplacer. Ils peuvent compléter l’instruction scolaire, mais pas la rattraper.
En tant que tête de réseau, nous portons la voix de l’ensemble de nos adhérents organisateurs. Nous les représentons dès que l’occasion nous est offerte, aussi bien dans les instances nationales que locales. Nous plaidons pour que leurs valeurs et leurs spécificités soient prises en compte. Nous les accompagnons dans les mesures à mettre en place et les adaptations à apporter à leurs séjours.
Car c’est bien-là le défi de demain : que les organisateurs, porteurs de projets engagés et souvent innovants, puissent poursuivre leur action, continuer à proposer leurs séjours et développer de nouveaux espaces d’émancipation pour les jeunes.
« L’impact d’une colo réussie pour un enfant se mesurera demain
dans sa vie d’adulte. »
Quels sont les principaux défis qu’il reste à relever ?
Aujourd’hui, plus que jamais il va être nécessaire de communiquer massivement sur les colos et de rassurer les familles. Depuis plusieurs semaines, les encadrant·es font preuve de responsabilité et d’implication, travaillant sur les mesures à mettre en œuvre pour garantir la sécurité des séjours et construire des projets qui sont bien plus que de simples divertissements. Le souci du bien-être de chaque enfant est au cœur de nos préoccupations.
Mais les colos ne se feront pas sans les organisateurs. Or, la crise les a sévèrement touchés et il y a fort à penser que l’été, avec ses nécessités d’adaptations parfois coûteuses, ne les épargnera pas non plus. Il est indispensable pour sauver les associations organisatrices qu’un important soutien financier de l’Etat soit mis en place. S’il est vrai que nous ne produisons pas de marchandise et que l’utilité de notre action n’est pas toujours visible immédiatement, l’impact d’une colo réussie pour un enfant se mesurera demain dans sa vie d’adulte !
« Les vacances ne sont pas un luxe : elles sont d’utilité publique
et doivent être considérées comme une nécessité. »
Le mot de la fin
J’entends souvent dire que la crise a créé de nouvelles inégalités. Je crois qu’elle a surtout révélé celles qu’on a souvent cherché à cacher ! Si tout le monde a été confiné, il est évident que tout le monde n’a pas vécu le même confinement.
Mon souhait est que nous puissions toujours plus défendre le droit aux vacances pour tou·tes, car les vacances ne sont pas un luxe. Elles sont d’utilité publique et doivent être considérées comme une nécessité. Nous avons fort à faire dans ce domaine et l’ouvrage est grand pour que personne n’ait plus jamais à hésiter entre remplir son frigo ou permettre à son enfant de partir en vacances !