Plus qu’un simple lieu de séjour, la colonie de vacances représente un microcosme hors norme pour les enfants et adolescents qui ont la chance d’y participer. Par les conditions de vie qu’elle implique, en communauté, loin du cadre familial et hors de l’environnement scolaire, elle est un terreau fertile pour des apprentissages essentiels à la vie en société et parfaitement complémentaires aux enseignements scolaires.
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C’est bien connu, « les colos font grandir » ! Oui, mais comment ? Et sur quels aspects ? Zoom sur les savoir-faire et savoir-être développés par les jeunes dans le cadre de colonies de vacances !
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Les colonies de vacances : un tremplin vers l’autonomie
Les colonies de vacances représentent un cadre social unique, hors du commun. On y évolue « entre jeunes », loin de son cadre familial et hors des murs de l’école. Comme le souligne Lilian Nobilet, Délégué Général de l’UNAT, les colonies de vacances sont « une espèce de fait social total, on embrasse tous les milieux, tous les sujets et plusieurs classes d’âges. [...] [Ce sont] des mises en situation de vie collective que l’on ne trouve nulle part ailleurs. »
Cet environnement particulier, à la fois isolé du reste du monde parce qu’il extrait les enfants de leur quotidien, et très ouvert sur l’autre parce qu’il met en relation des personnes qui autrement ne se seraient jamais rencontrées, crée un contexte particulièrement propice au développement de l’autonomie, comme le montre le Dossier d’Étude 222 de la CNAF.
La plupart des séjours mettent d’ailleurs l’accent sur ce point, d’abord parce qu’il est essentiel au bon déroulement du quotidien, mais aussi parce qu’il est fondamental pour les futurs adultes accueillis ! Cyril Gaffet, Délégué National Séjours Enfants et Jeunes à l’UFCV, rappelle à ce titre que « toutes les colonies de vacances doivent, par défaut, avoir des plus-values éducatives » et qu’elles sont pour tous l’opportunité de « découvrir qu’on est capable de faire quelque chose que l’on croyait impossible, qu’il s’agisse de canoë kayak ou de faire son lit ! ».
Dans les colonies Edusport par exemple, une association fondée par Killian Guillet, administrateur de l’UFCV, « les jeunes participent à toutes les tâches de la vie quotidienne ». Ils apprennent ainsi à prendre soin d’eux-mêmes et des autres, à s’organiser au sein d’un groupe, à anticiper les besoins liés au quotidien… En d’autres termes, ils s’autonomisent ! »
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La vie en collectivité : un laboratoire du vivre ensemble
Pour Lilian Nobilet, les colonies de vacances représentent de « formidables apprentissages au vivre ensemble », en cela qu’elles confrontent les jeunes au collectif comme nulle autre structure.
Il s’agit de créer un groupe par-delà les différences de chacun, qu’elles soient physiques, culturelles ou religieuses. Comme le souligne Cyril Gaffet, « quand on part en colo, on part avec des gens que l’on ne connaît pas. On casse des barrières. »
Ce contexte mène à un travail sur la tolérance et l’empathie, la grande majorité des colonies de vacances aménageant des temps d’échange au sein du groupe pour discuter des règles de vie. C’est le cas à Edusport, comme le raconte Killian Guillet : « En début de séjour, on fixe peu de règles et les plus souples possible. On explique aux jeunes ce dont on a besoin et on les laisse s’organiser, par la discussion et la proximité entre eux, pour que ça marche. On intervient en durcissant une règle seulement si cette approche échoue. »
Ce fonctionnement, moins descendant que celui auquel les jeunes sont quelques fois confrontés, encourage la discussion, la réflexion et, finalement, la prise d’initiatives.
Dans ce cadre, le rôle que jouent les animateurs est clé. De par leur statut particulier, qui n’est ni celui d’un parent, ni celui d’un professeur, et le contexte spécifique évoqué précédemment, ils incarnent un modèle d’encadrement alternatif, basé sur l’accompagnement. Comme l’explique Killian Guillet : « Le rôle des animateurs est de favoriser les échanges entre toutes [les] catégories sociales qui, naturellement, ont plutôt tendance à être hermétiques les unes aux autres. Notre légitimité vient du lien de confiance qu’on a créé, pas simplement de notre statut. »
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L’occasion d’ouvrir son monde et de s’émanciper
Les colonies de vacances donnent l’occasion aux jeunes de découvrir des activités et parfois de faire naître des passions. Cyril Gaffet insiste sur l’impact que ces nouvelles expériences peuvent avoir : « On a des enfants qui découvrent une activité en colo et décident d’en faire ensuite une activité régulière, ce qui, au-delà du séjour, va les amener à rencontrer d’autres gens et à faire d’autres expériences. »
La forme de socialisation qu’elles induisent est également propice à l’émancipation. Le Dossier d’Étude 222 de la CNAF déjà évoqué précédemment, explique à ce propos que les jeunes profitent de ce temps loin de leur quotidien, avec des personnes différentes, pour forger leur personnalité.
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Les compétences développées par les jeunes leur seront utiles à l’école et bien au-delà, car elles touchent autant à leur capacité à prendre soin d’eux qu’aux piliers fondamentaux de la citoyenneté.
De plus, les colonies de vacances sont aussi un lieu d’apprentissage pour les animateurs, comme le rappelle Lilian Nobilet : « Les colonies de vacances, [...] c’est aussi un lieu d’engagement volontaire pour de jeunes animatrices, de jeunes animateurs, directrices, directeurs. Il ne faut pas oublier que la dimension éducative des colonies de vacances joue aussi de ce point de vue-là. » Des propos que vient appuyer un rapport de l’OVLEJ.
Mais s’il y a « de vraies spécificités éducatives dans les colonies de vacances », comme l’explique Lilian Nobilet, elles sont aussi un juste équilibre entre temps d’apprentissages et temps de loisirs. Cyril Gaffet souligne d’ailleurs l’importance de « remettre le concept de vacances au cœur du projet » : les colonies n’ont pas vocation à remplacer l'école !