Depuis quelques semaines, les questions se bousculent quant à ce que de nombreux acteurs appellent désormais : « Le monde d’après ». De quoi sera fait le monde de demain ? Quelles leçons va-t-on tirer collectivement de la période qui vient de s’écouler ? Les solidarités nées hier passeront-elles l’épreuve du temps ?
Le « monde d’après », c’est le monde que nous allons inventer, tou·tes ensemble. Celui qui tirera les enseignements de la crise sanitaire et sociale que nous traversons. À l’Ufcv, ce monde est plus solidaire, plus égalitaire, plus respectueux de la planète aussi. L’éducation et l’engagement y jouent une place centrale ; notre association devra continuer de se montrer précurseuse, et à la hauteur des nouveaux enjeux.
Vous avez déjà pu découvrir le futur que l’Ufcv projette pour l’animation territoriale et le BAFA-BAFD. Nous continuons l’exploration du « monde d’après » avec Noël Prioux, Responsable national de la formation professionnelle à l'Ufcv.
« La formation professionnelle se devra d’être
une éducation populaire ! »
À quoi ça devrait ressembler, la formation professionnelle, dans le monde de l’après confinement ?
Cette crise sanitaire est un accélérateur de la société de la connaissance. Elle marque le passage définitif de nos sociétés dans la 4ème révolution industrielle et nous révèle que l'éducation permanente est un bien fondamental, presque vital, qui doit être conçu comme le triangle dans lequel chaque pointe de l'éducation (formelle, informelle, non-formelle (1)) doit être valorisée par les enseignant·es, les adultes et les employeurs à part égale.
Ainsi, parler par exemple de « colos apprenantes » relève du monde d'hier, car le monde de demain est complexe, non linéaire, systémique (2). Dans le monde d'après, la formation professionnelle devra être un processus où chacun·e pourra révéler son ou ses talent·s grâce à un mixte entre :
Autrement dit : la formation professionnelle se devra d'être une éducation populaire !
(1) L'Education: un trésor est caché dedans (Unesco)
(2) Klaus Schwab ; Marc Halévy ; Edgar Morin
« Nous souhaitons permettre à toute personne de disposer
d’un parcours personnalisé. »
Qu’est-ce que l’Ufcv met en œuvre pour se tourner vers l’avenir ?
Pour se tourner vers son avenir, l'Ufcv s'appuie sur son projet. L'association a toujours refusé et l'individualisme et le collectivisme : deux conceptions de la société dans laquelle l'un prend systématiquement le pas sur l'autre.
Ainsi, pour nos dispositifs de formation professionnelle, nous travaillons depuis quelques années à la modularisation. Nous souhaitons permettre à toute personne de disposer d'un parcours personnalisé, qui prend en compte son expérience, ses acquis, mais aussi de s'engager auprès et avec ses compagnons de formation.
En conséquence, nous avons d'ores et déjà digitalisé une partie de ces modules. Néanmoins, nous sommes conscient·es que ces apprentissages techniques à distance ne forment qu'à une partie de la fonction : l'écran est un intermédiaire, mais en aucun cas un éducateur populaire !
« La rentabilité d’une formation ne peut se baser uniquement
sur un ratio prix de l’heure / retour en emploi. »
Quels sont les principaux défis qu’il reste à relever ?
À l’avenir, la formation permanente se fera et se vivra à partir de multiples canaux !
Or, si la digitalisation de la formation professionnelle est nécessaire, les financeurs et décideurs devront prendre garde aux coûts qu'ils consentent et aux coups qu'ils distribuent.
En effet, la seule recherche du retour sur investissement rapide par les financeurs ne pourra plus être la pierre angulaire de leurs politiques. La rentabilité d'une formation ne peut se baser uniquement sur un ratio prix de l'heure/retour à l’emploi.
Par ailleurs, ces dernières semaines, nous ont prouvé que nous ne sommes pas tous égaux en équipement, connexion, capacité à utiliser des logiciels. C'est en ce sens que la « communauté du libre » (3) est une formidable éducatrice populaire !
(3) https://framasoft.org/fr/
« Les équipes de l’Ufcv ont mis au centre de leurs préoccupations
les personnes plutôt que des apprenant·es et elles ont
entretenu un souffle d’altruisme. »
Le mot de la fin
En formation professionnelle, nous n'avions pas tous perçus les enjeux de cette complexité. Pourtant, les équipes de l'Ufcv ont fait preuve d'engagement et d'ingéniosité.
Elles ont mis au centre de leurs préoccupations les personnes plutôt que des apprenant·es et elles ont entretenu un souffle d'altruisme, dans lequel les stagiaires ont pris les choses en mains pour s'auto-former, former leurs pairs voire leurs formateurs et formatrices à ces outils. Bref : une éducation populaire 2.0 !