Depuis quelques semaines, les questions se bousculent quant à ce que de nombreux acteurs appellent désormais : « Le monde d’après ». De quoi sera fait le monde de demain ? Quelles leçons va-t-on tirer collectivement de la période qui vient de s’écouler ? Les solidarités nées hier passeront-elles l’épreuve du temps ?
Aujourd'hui, nous continuons l’exploration de ce monde qui vient avec un focus sur les vacances adaptées. Depuis 30 ans, notre association propose des séjours accueillant des personnes en situation de handicap mental. Parce que les vacances ne sont pas un luxe mais une nécessité ; parce qu'elles sont un temps de respiration et d'ouverture formidables pour nos vacancier·es : l'Ufcv milite pour le droit aux vacances et aux loisirs pour tou·tes !
Vous avez déjà pu découvrir le futur que l’Ufcv projette pour l’animation territoriale, la formation volontaire et professionnelle et les colonies de vacances. Place au témoignage de Sébastien Bort, Responsable national des vacances adaptées à l'Ufcv.
« Il s’agira demain de rendre toujours plus possible
l’accès au répit au plus grand nombre. »
À quoi ça devrait ressembler, les vacances adaptées, dans le monde de l’après confinement ?
De toute évidence, l’accès au tourisme, aux vacances et aux loisirs changera pour tou·tes. Les vacances adaptées n’échapperont pas à la règle.
Au-delà d’une vigilance toujours accrue sur l’aspect sanitaire, il s’agira demain de rendre toujours possible l’accès au répit au plus grand nombre.
En cela, le paysage des vacances adaptées devra se conjuguer au pluriel. À la fois, et plus qu’avant, pour permettre un ailleurs sécurisé qui favorise l’accès à des moments de plaisir partagé, mais aussi pour s’inscrire dans une envie plus large de répit de toutes les parties prenantes : personnes en situation de handicap elles-mêmes, familles, aidant·es, professionnels éducatifs… Nous devrons être capables d’organiser aussi bien des vacances ou des loisirs individuels collectifs, que de permettre des départs en famille, ou de contribuer à l’organisation de projets plus institutionnels !
Enfin, pour cet été, le contexte lié au Covid-19 a amené une grande majorité d’organisateurs à annuler leurs séjours. Notre administration de tutelle, les associations de parents telles que l’UNAPEI ont pu mesurer l’importance des temps de vacances. Pour des projets reconnus, soutenus et en phase avec les besoins, nous mettons tout en place pour que la place occupée par les organisateurs de vacances adaptées auprès de l’ensemble des parties prenantes pendant cette période garde toute son intensité et sa pertinence après l’été.
« Considérer le temps de vacances ou de loisirs comme un temps de vie à part entière de la vie des personnes en situation de handicap. »
Qu’est-ce que l’Ufcv met en œuvre pour se tourner vers l’avenir ?
Au-delà de nos implications dans les instances nationales pour agir en faveur de l’accès au répit, aux vacances et aux loisirs, nous dégageons déjà plusieurs axes d’initiatives qui s’inscriront en complément des séjours de vacances classiques.
Sur un plan national nous avons constitué un partenariat avec un opérateur de village vacances pour permettre les départs des personnes en situation de handicap avec leur famille. Ce projet n’aura pas pu se concrétiser en 2020 en raison du contexte. Il verra le jour en 2021 avec certitude.
En région, nos équipes sont mobilisées depuis le début du confinement auprès des partenaires locaux, des vacanciers eux-mêmes, des familles. Cette écoute permet déjà de dégager des projets à venir. Nous nous tournons vers le déploiement de « loisirs partagés ». Cette action s’inscrit totalement dans l’après Covid-19 : rompre avec l’isolement et permettre la co-construction de projets en petits groupes en favorisant l’autodétermination.
Enfin, nous accentuerons notre volonté de tisser des partenariats avec des établissements et associations de familles pour construire ensembles des projets de vacances.
Quels sont les principaux défis qu’il reste à relever ?
Nos ambitions d’élargissement de notre projet « vacances et loisirs pour le plus grand nombre » passe inéluctablement par un renforcement des partenariats locaux, aussi bien avec des associations de familles que des établissements ou des acteurs culturels, artistiques, sportifs… Il s’agit que chacun puisse s’impliquer pour considérer le temps de vacances ou de loisirs comme un temps de vie à part entière de la vie des personnes en situation de handicap.
Parce que le handicap n’exclut pas la précarité financière et parce que ces projets sont coûteux, nous agissons aussi pour obtenir des soutiens financiers afin de permettre à tou·tes d’accéder à des moments de répit.
Enfin, fort de nos expériences actuelles communes, j’appelle la Direction Générale de la Cohésion Sociale, le Comité Interministériel au Handicap et le Secrétariat d’État aux personnes handicapées à inclure systématiquement les vacances et les loisirs comme un sujet distinct incontournable dans vie des personnes.
Le mot de la fin
J’en profite pour remercier les équipes régionales, responsables d’activités, coordinateurs et coordinatrices pédagogiques ou administratifs qui sont à pied d’œuvre depuis le début du confinement pour rester proche des familles des vacanciers et de nos équipes de volontaires ! Les perspectives de l’Ufcv sont issues de leurs observations, la faisabilité est déjà entre leurs mains.
Nous devons tous désormais nous projeter sur un été différent, à reconstruire. C’est beaucoup d’efforts, mais nous mesurons tous la nécessité d’agir pour assurer un moment de repos ailleurs.
Après deux mois de confinement, notre projet « permettre à tou·tes d’accéder à un moment différent du temps institutionnel ou familial » n’a jamais été autant partagé !
« Il s’agira demain de rendre toujours plus possible
l’accès au répit au plus grand nombre. »
« Il s’agira demain de rendre toujours plus possible
l’accès au répit au plus grand nombre. »