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posté le 23 mars 2023

Dans : Tribune de l'Ufcv


Réduire la fracture numérique : un défi urgent pour 13 millions de Français, dans une société qui se digitalise - et dématérialise - à vitesse grand V… 
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Des inégalités d’accès et d’usage

Ordinateurs, tablettes, smartphones… Les foyers se sont multi-équipés, les pratiques intensifiées. Mais le TGV de la digitalisation n’a pas embarqué tout le monde, et une partie de la population est restée à quai. Les « non-équipés », qui n’ont pas accès au numérique, faute de matériel… ou de réseau Internet dans les zones blanches. Et - plus répandus aujourd’hui - les « équipés », qui manquent de compétences de base pour les utiliser. Selon l’Insee, un Français sur six souffrent d’illectronisme ou illettrisme électronique. Autant de freins à lever ensemble, affirme Camille Bardou, responsable LaCollecte.tech chez Emmaüs Connect. Matériel reconditionné bon marché, connexions à tarifs solidaires, compétences de base pour s'autonomiser, l'association équipe, connecte et accompagne les personnes en situation de précarité numérique. « En 10 ans, nous avons équipé plus de 100 000 habitants. » En 10 ans pourtant, le fossé n’a cessé de se creuser... 
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Des fractures générationnelles et sociales

« Les inégalités d’accès et d’usage sont d’abord liées aux inégalités sociales et culturelles », explique Mickaël Le Mentec, maître de conférences en sciences de l’éducation à l'Université de Picardie Jules Verne. Les moins-diplômés ont plutôt une pratique récréative et non à visée professionnelle ou administrative, qui demande d’autres compétences ». Les inégalités sont aussi générationnelles. De plus en plus connectés, les séniors - « qui n’ont pas utilisé les outils numériques dans leur carrière professionnelle » - restent les premiers touchés. Plus de la moitié des 75 ans n’ont pas accès à Internet à la maison et près de 70 % souffrent d’illectronisme. Plus gros utilisateurs d’Internet, les jeunes ne sont pas non plus épargnés. « Ils sont à l’aise pour regarder des vidéos ou aller sur les réseaux sociaux, mais peinent - surtout les plus modestes - à chercher du travail ou une information en ligne. Le concept du digital native tombé dans la marmite quand il était petit est un mythe », affirme Mickaël Le Mentec. Autres exclus du numérique, les personnes en situation de handicap : une personne sur cinq est concernée, par manque de connaissances ou d’accessibilité des sites.
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La mise à l’écart d’une société ultra connectée

Résultat ? Une véritable mise à l’écart de ces publics, dans une société de plus en plus connectée. Et dans laquelle les écrans sont devenus un passage obligé pour trouver un emploi, prendre un rendez-vous chez le médecin ou réserver un billet de train. Sans compter les démarches administratives… « Engagée depuis la fin des années 90, la dématérialisation des services publics s’est accélérée depuis la pandémie», rappelle Mickaël Le Mentec, qui déplore « une double peine pour les personnes les plus précaires, qui n’ont plus recours à leurs droits ». La fracture numérique creuse les inégalités… et les solitudes. « L’exclusion numérique ajoute à l’isolement, exprime Anne Ronceau, responsable de l’animation territoriale de l’UFCV en Bretagne et Pays de La Loire. Nos ateliers séniors sont un prétexte pour créer du lien entre les membres, et faire en sorte qu’il perdure après les séances ! » L'illectronisme peut être synonyme d’isolement mais aussi exposer davantage ces personnes aux risques d’arnaque ou de cyberharcèlement. « Nos publics sont particulièrement vulnérables sur Internet et les réseaux sociaux », conclut Flavie Gauthier, conseillère numérique de l’UFCV en Occitanie, qui anime des ateliers auprès des aînés, des personnes en insertion professionnelle ou en situation de handicap et intervient auprès des adolescents dans les collèges. Un travail d’éducation et de sensibilisation plus que jamais essentiel.